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« Charles IX fut de tous nos rois de France l’un des plus calamiteux. A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint Barthélemy qui épouvanta l’Europe entière. Abasourdi par l’énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses. Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous. Pourtant, il avait un bon fond. »

La plume de Teulé rend ce roman à la fois extrêmement grave et parfois beaucoup plus léger. Car Charles IX est l'un des instigateurs du massacre de la Saint Barthélémy (avec la forte influence de sa mère Catherine de Medicis et de son frère Henri, qui était alors Duc d'Anjou et qui devint par la suite le roi Henri III). Ce n'est que le lendemain de ce week-end sanglant qu'il se rendit compte de la catastrophe dont il était coupable. Les cadavres jonchaient par milliers la ville de Paris et encore plusieurs mois plus tard, des massacres furent ordonnés dans les provinces. Le roi sombra dans la folie, continuant de gouverner avec l'aide de sa mère, un personnage que j'ai trouvé détestable et inhumain. Son frère Henri n'est guère de meilleur conseil. Son unique souhait étant de voir Charles IX disparaître pour prendre sa place sur le trône. Dans ce roman, on retrouve quelques personnages importants ayant entouré le roi. Et notamment le poète Pierre de Ronsard qui, à ma grande surprise est tourné en ridicule plus d'une fois et décrit comme un homme obscène et opportuniste. 

J'en passe et des meilleurs sur ces personnages tous plus fous les uns que les autres ! En fait, la seule personne que j'ai appréciée (parmi les personnages principaux) est Elisabeth d'Autriche, épouse discrète d'un roi complètement dépassé.

Vous imaginez donc l'ambiance très pesante qui accompagne

notre lecture du roman...

Pourtant, Teulé sait dédramatiser toutes les situations. Son humour acerbe m'a beaucoup fait sourire. Plusieurs passages sont mémorables mais il y en avait tellement que je ne les ai pas tous retenus ! En voici un exemple:

"-Majesté, en fait, vous auriez dû les désosser par les reins...
-Hein ?
Charly 9, ses pensées encore dans la fameuse partie du jeu de paume, s'offusque:
-Oh ben non ! J'étais en colère et je sais bien que je suis le roi de la Saint-Barthélémy mais de là à désosser par les reins mes frères et mon beau-frère...
-Sire, je parlais de ces alouettes à farcir... "

Et Charles IX nous étonnera jusqu'à son dernier souffle puisqu'il mourra d'une  façon fort étrange. "C'est tout le sang que j'ai fait verser qui ressort par la peau".

En ce qui me concerne, ce roman fait écho avec le film La princesse de Montpensier que j'ai vu récemment. Si je le revois un jour, ça sera sûrement avec un oeil nouveau.