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"L'adversaire" d'Emmanuel Carrère

L'adversaire

Emmanuel Carrère

Folio

2001

220 pages

5.50€ 

Un mot de l'auteur :

"Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même. L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien. Prêt d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Je suis entré en relation avec lui, j'ai assisté à son procès. J'ai essayé de raconter précisément, jour après jour , cette vie de solitude, d'imposture et d'absence. [...] "

Emmanuel Carrère nous raconte ici les vies de Jean-Claude Romand : celle d'avant les meurtres qu'il a commis, une vie construite de mensonges et de trahisons. Mais l'auteur ne s'arrête pas là car il suit le criminel lors de sa vie "d'après". Commence alors pour Romand procès et détention.

Ce qui est étonnant dans ce fait divers c'est que Romand a construit sa vie de toutes pièces : il a une femme, deux enfants, une maîtresse, des amis, il est médecin et gagne bien sa vie. Sauf qu'il n'est pas médecin. Il ne travaille pas et passe son temps à lire des revues dans un parking.

Il réussit à faire croire ce mensonge à toute sa famille. Il emmène même ses enfants sur son "lieu de travail". Quant à cet argent qu'il gagne, il le soutire à ses proches.

L(es)'adversaire(s) de Romand, ce sont ses mensonges et ses impostures car c'est parce qu'il  n'arrive plus à s'en défaire qu'il en est arrivé là.

Carrère écrit à Romand en prison pr lui demander une collaboration pour rédiger ce livre. L'auteur nous fait partager ses doutes, ses incertitudes à continuer cette enquête. Il est mal à l'aise face à un homme qui a tué sa propre famille.

Carrère a un soucis d'objectivité dans l'écriture et cela se ressent beaucoup. A aucun moment il ne prend le parti de Romand, même si parfois le livre le rend humain. On se met à comprendre pourquoi il entretien ce mensonge. Mais cela n'excuse en rien son geste...

Le livre n'est ni thriller ni voyeur. Il entre dans la vie de Romand tout en y restant à distance. C'est un exercice qui paraît très difficile mais que l'auteur a vraiment bien exécuté.

MA NOTE : 7/10