Tête de chien
Morten Ramsland
Gallimard
Avril 2010
465 pages
Résumé :
Ce roman retrace une épopée familiale (sur 3 voire 4 générations). Le narrateur, Asger Eriksson (dit Tête de Chien) est fils de Leïla et de Niels junior (Tête de Chou) et petit fils d'Askild et de Bjork. Sur un ton d'autobiographie, Tête de chien narre l'histoire de cette famille haute en couleur. J'ai adoré partager la vie de ces personnages, tous plus authentiques les uns que les autres.
"[...] Il y a tant d'autres destins qui s'entrecroisaient et se mêlaient à ma modeste petite histoire. Il y avait Anne Katrine, qui a été privée de l'amour de sa mère. Il y avait Leïla, qui a perdu ses parents. Il y avait Neils junior avec ses oreilles et son corset. Il y avait Knut et son nez cassé. Il y avait le chagrin accablant de Madame Maman, la maladie permanente de Grand-Mère Elisabeth et la tumeur galopante de Grand-Père Hans Carole. La faillite de l'arrière-grand-père Thorsten. Il y avait Grand-Mère et son alcoolique de mari, Grand-Père avec son undex sectionné et ses chiens de sang sur une plaine de l'est de l'Allemagne... Je me suis parfois demandé ce que représente mon histoire de Tête de Chien, à côté des histoires qui allaient se dérouler plus tard..."
J'ai énormément apprécié les passages sur l'enfance de Tête de Chou (fils de Bjork et Askild). Les anecdotes sont drôles ou émouvantes, mais font toujours mouche. J'ai vraiment senti en lui un personnage hors du commun (impression qui s'est confirmée à la fin du roman). Tête de Pomme (cousin de Tête de Chou), quant à lui, m'a beaucoup amusée. Il serait intéressant de disséquer ces protagonistes abordés par l'auteur. Tous possèdent une importance capitale quant au destin de cette famille. Les personnages sont assurément le point fort de ce roman.
Les changements d'époque apportent un réel souffle au roman. Les périodes varient d'un chapitre à l'autre, les personnages vieillissent de 30 ou 40 ans (voire plus) puis redeviennent des enfants. Cette variation sur les époques est très réussie. Elle apporte un rythme à ce roman, qui, sans cet élément en manquerait sûrement. Car ce roman souffre, à mon avis, de sa longeur. Heureusement, le rythme assez soutenu, m'a permis de me raccrocher à des éléments inédits souvent délectables. Le ton léger et désinvolte utilisé par l'auteur pour nous conter ces tranches de vie m'a convaincue.
"«Dieu est venu cette nuit, et Il a emporté tes chatons.»
Voilà ce qu'avait dit un jour Hans Carlo Petersen, le précédent patron de l'atelier d'encadrement, à sa fille Leïla, alors âgée de six ans, en lui tapotant doucement la tête de cette même main qui, la veille au soir, avait mis les sept chatons dans un sac avant de les noyer dans le ruisseau derrière la maison. Leila, à qui son père venait d'offrir une grosse glace, sentit un goût amer se mêler à celui de la crème glacée. Cinq ans plus tard, lorsqu'il vint la chercher chez sa tante maternelle et la conduisit au bord du lac où il acheta la plus grosse glace du marchand, il déclara : «Dieu est venu cette nuit, et Il a emporté ta mère.» Par ces mots, il ne causa pas seulement un profond chagrin à sa fille, mais il lui inspira une aversion durable à l'égard de Dieu et des sucreries."
MA NOTE : 8/10
Un grand merci à Masse Critique (Babelio) et aux éditions Gallimard !
Commentaires
Je ne suis pas fan des sagas familiales, donc pas plus tentée que cela.