Trois sardines sur un banc

Michaël Escoffier & Kris Di Giacomo (ill.)

Atelier du poisson soluble

2008

40 pages

8€ 

Les bibliothécaires ont classé cet ouvrage en album jeunesse mais il peut aussi bien être lu par des adultes. (Peut-être plus même encore que par des enfants.)

Dès la page de titre, on comprend que ce livre est atypique : il est dédié à Laïka, envoyée dans l'espace le 03/11/1957 ! Carrément fou !

Et, effectivement, cela se confirme : l'ouvrage est d'une originalité étonnante ! Tout d'abord, son format : une boîte de sardines que l'on doit ôter pour accéder au livre. Ensuite, le graphisme utilisé. Il s'agit de collages assez fous réalisés par Kris Di Giacomo. Il met en scène des sardines à ailes ou des lions habillés qui mangent une glace. Ces illustrations oniriques et surréalistes collent parfaitement avec les textes de Michaël Escoffier. Ses textes sont très bien écrits. Fourmillant de jeux de mots, de doubles-sens et rédigés avec un grain de folie, on s'en délecte !

"_ Il paraît que si on fait réfléchir deux miroir face à face, ils finissent par devenir fous.

_ Et si on met deux fous face à face, tu crois qu'ils finissent par réfléchir ?

_ J'en sais rien, il faudrait que j'y réféléchisse."

J'adore cet humour, c'est tout en finesse et complètement extravagant. 

Les sardines vont connaître un destin tragique, c'est dommage, mais c'est ainsi qu'elles finissent !

MA NOTE : 10/10

La fée aux gros yeux

George Sand, Odile Santi (ill.) et Alexa Parr (voix)

Autement dit

Cet album accompagné d'un cd m'a attiré dès que j'ai lu le titre. Ensuite, j'ai constaté qu'il était écrit par Georges Sand donc j'ai voulu en savoir plus. Puis, j'ai tourné quelques pages et là, ce sont les dessins qui m'ont attirée. C'était prometteur...

Cette histoire est assez courte, elle comporte une vingtaine de pages dont quelques pleines pages d'illustrations. Il s'agit de l'histoire d' "Elsie [qui] avait une gouvernante irlandaise fort singulière. C'était la meilleure personne qui fût au monde, mais quelques animaux lui étaient antipathiques à ce point qu'elle entrait dans de véritables fureurs contre eux. [...] Elle s'appelait miss Barbara, mais on lui avait donné le surnom de fée aux gros yeux ; fée, parce qu'elle était très savante et très mystérieuse ; aux gros yeux, parce qu'elle avait d'énormes yeux clairs saillants et bombés, que la malicieuse Elsie comparait à des bouchons de carafe."

Ce passage d'introduction nous montre à quel point l'histoire est poétique et pleine de jolies métaphores. George Sand a écrit une superbe petite histoire qui a été mise en voix par Alexa Parr. Elle possède une voix qui nous emporte réellement dans l'histoire. Elle nous transmet toutes les émotions des personnages, c'est vraiment très agréable.

Les illustrations sont enchanteresses, elles transposent l'univers baroque et décallé de Miss Barbara. Ce personnage ainsi que celui de Monsieur Bat sont captivants car ils sont singuliers et très intrigants.

La fin de l'histoire m'a un peu frustrée car j'aurais aimé qu'elle continue ou peut-être qu'elle se termine autrement.

Si vous souhaitez consulter en intégralité le conte, vous pouvez aller sur le blog de Meluzyne.

MA NOTE : 9/10

Note de l'éditeur :

"Un projet tout à fait déraisonnable : raconter, en cinq livres, les trente premières années de sa vie. Il aurait pu attendre d'avoir soixante ans pour faire le point. Il n'avait pas envie. Voici donc le premier volume : son enfance."

C'est suite au billet d'Angel-A que j'ai eu envie de lire ce bouquin. Sa note de 20/20 m'avait vraiment donné envie d'en savoir plus.

"Daniel ne participait pas du tout à l'assistance médicale à domicile. Sa mère préférait lui laisser faire "ses choses" (vendre du shit, vendre des pièces détachées de vélos, motos, autos en tout genre, vendre des chiots aux races incertaines dont il était lui-même le créateur...), et chaque semaine, Daniel glissait quelques billets dans le sac de Carmelita, qui trouvait cet argent dangeureux mais utile."

Ce passage donne le ton de ce bouquin. Le narrateur raconte sa jeunesse dans la cité. L'atmosphère est très ado : les potes, les filles, les trafics... Bref, si vous appréciez cette ambiance, ce livre vous plaira.

Chroniques de l'asphalte 1/5 est composé de 16 chapitres qui pourraient se lire indépendamment les uns des autres : comme des nouvelles. Chacun des chapitres aborde un endroit de la tour dans laquelle a vécu Benchetrit. Personnellement j'ai beaucoup aimé les deux premières histoires, elles sont très drôles. Et de manière générale, l'humour est efficace. 

Ce bouquin est décrit comme étant autobiographique mais je doute que toutes les anecdotes aient vraiment existées. Si c'est réellement le cas, certaines situations sont étonnantes !

Pour conclure, c'est un livre agréable et qui se lit bien.  

L'auteur termine avec la mention "A suivre Chroniques de l'asphalte 2/5". Je ne me jetterai pas sur ce deuxième bouquin avec empressement mais le lirai prochainement... A suivre, donc.

MA NOTE : 7/10

Alice aux pays des merveilles

Lewis Caroll et Thomas Perino (ill.)

Seuil

2008

144 pages

25€ 

En ce moment, je suis pas mal la littérature jeunesse (grâce à mon super boulot d'adjoint en bibliothèque en section jeunesse). Voici donc un album sur lequel j'ai craqué !

Les illustrations en noir et blanc sont très jolies. Elles sont réalisées avec un trait épais qui donne un style particulier au dessin. J'apprécie beaucoup. Il s'agit en fait de gravures sur bois. Elles apportent à l'album une modernité et ces dessins loin des représentations habituelles nous permettent de redécouvrir cet univers vu et revu. Dans cet album, pas de couleurs vives comme on en a l'habitude. En revanche, ici, ce sont les dessins très géométriques (courbes à l'infini ou, au contraire, parallèles et perpendiculaires) qui donnent un aspect onirique, comme s'il s'agissait d'illusions d'optique. 

La typographie est très soignée et particlièrement bien accordée aux dessins. Beaucoup de courbes dans les écritures ainsi que des lettrines qui évoquent la calligraphie.

Je n'avais jamais vraiment lu Alice aux pays des merveilles. Ce qui m'a surprise c'est la plume de Lewis Carroll qui est très très agréable. Caroll utilise beaucoup de jeux de mots dans les dialogues des personnages et met en scène des quiproquos tous plus fous les uns que les autres. L'histoire est drôle, les personnages sont complètement farfelus, dont la petite Alice :

"Alice n'avait jamais oublié que si l'on boit une bonne partie du contenu d'une bouteille portant l'étiquette : poison, ça ne manque presque jamais, tôt ou tard, d'être mauvais pour la santé."

"Elle avait pour coutume de se donner de très bons conseils (quoiqu'elle ne les suivît guère) [...]. Elle se rappelait qu'un jour elle avait essayé de se gifler pour avoir triché au cours d'une partie de croquet qu'elle jouait contre elle-même, car cette étrange enfant aimait beaucoup faire semblant d'être deux personnes différentes".

On le sait, Alice rêve tous ces personnages. Ce qui est fort, c'est que Caroll intègre dans cette  histoire toute la folie dont on peut rêver chaque nuit.

 "Le bourreau, le Roi et la Reine se disputaient en parlant tous à la fois[...]. Le vbourreau déclarait qu'il était impossible de couper une tête s'il n'y avait pas de corps dont on ne pût la séparer, qu'il n'avait jamais rien fait de semblable jusqu'à présent, et qu'il n'allait sûrement commencer à son âge. Le Roi déclarait que tout ce qui avait une tête pouvait être décapité, et qu'il ne fallait pas raconter de bêtises. La Reine déclarait que si on ne prenait pas une décision en un rien de temps, elle ferait exécuter tout le monde autour d'elle".

Cet album, c'est du bonheur à lire. Je regrette simplement la multitude de chansons qui n'est pas à mon goût, ça me rappelle les comédies musicales dont je ne suis pas fan. Mais après tout, c'est une histoire pour les enfants alors que serait une histoire pour les enfants sans chansons ?!

Cela dit, cet album est aussi destiné à un public adulte ! ...

La preuve ?! J'ai adoré !!!

MA NOTE : 9/10

Le château dans le ciel

Hayao Miyazaki

Glénat

2003

4 volumes 

Résumé du manga :

Sheeta est une jeune fille poursuivie par des pirates de l'air. Elle n'a pour seul héritage de ses ancêtres qu'un mystérieux cristal bleu qu'elle porte autour du cou. En compagnie de Pazu, un garçon travaillant dans les mines, elle va partir à la recherche de la légendaire cité de Laputa une île qui flotterait quelque part dans les cieux et attendrait le retour de ses maîtres.

Cette fois-ci, c'est décidé, je me mets sérieusement aux mangas !

Peu connaisseuse en la matière, je me devais de commencer la formidable fresque des mangas par quelques unes des oeuvres de Miyazaki. Je n'ai pas vu le film d'animation du même nom et ne connaissais pas vraiment l'histoire du Château dans le ciel. C'est donc avec un oeil nouveau et nocive que j'ouvre ce livre.

Dès les premières pages, j'apprécie le graphisme et les couleurs (malgré quelques vignettes qui paraissent un peu floues : erreur dans l'impression ?). Le jeu avec l'image est étonnant : vignettes qui se déforment (prennent, par exemple la forme d'escaliers), double page utilisée pour un seul plan, zoom et dézoom, sens du détail...

Puis des petites touches d'humour viennent se glisser dans une histoire très rythmée, c'est très appréciable. L'histoire est construite avec des poursuites : les pirates de l'air convoitent le cristal de Sheeta. Et l'armée veut, à son tour s'emparer de la jeune fille car elle découvre que ses ancêtres étaient maîtres au royaume de Laputa. Les jeunes héros n'ont pas une minute de répit. 

Les personnages principaux sont un peu caricaturaux mais l'évolution de certains est étonnante (notamment la grand-mère et son équipe de pirates). Les thèmes abordés, dans cette histoire, sont le désir du pouvoir et de la richesse, la technologie et la solidarité entre êtres humains. Le tout se termine sur une jolie morale. 

Bonne surprise, donc, pour ce manga destiné aux petits comme aux plus grands, signé par Miyazaki, qui reste une référence incontournable du manga partout dans le monde.

MA NOTE : 7/10