Les ombres grandissent au crépuscule

Henning Mankell

Seuil

22/10/2012

Si j'ai choisi ce roman dans la liste de l'opération “Masse critique”, c'est pour son auteur : Henning Mankell. Un auteur suédois que je n'avais encore jamais lu. J'ai, cependant repéré quelques titres qui me semblent intéressants. Or, ce roman est en quelque sorte une parenthèse littéraire puisqu'il est souvent qualifié de roman pour adolescents. On est donc bien loin des romans policiers ou autres thrillers...

Résumé :

Joël est un jeune garçon de 12 ans qui vit avec son père. Sa mère est partie, un jour, les laissant à deux. Un matin, en allant à l'école, Joël se fait renverser par un bus et en ressort heureusement indemne. Le jeune garçon croit aux miracles, et là, pas de doute, c'en est bien un ! Il va alors entreprendre une bonne action pour remercier Celui qui l'a sauvé. Il décide d'aider son amie Gertrude à son insu et de lui trouver un mari...

Je suis assez partagée sur ce roman... J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Cela est sûrement dû à ces personnages loufoques et que j'ai trouvé peu plausibles. A commencer par Gertrude qui a un trou béant à la place du nez suite à une chirurgie râtée. Ses attitudes sont étranges, ses passe-temps aussi (se peindre le visage en bleu), ses réactions le sont tout autant (giffler un enfant de 12 ans). Et c'est sans parler de l'autre ami de Joël qui, lui, est encore plus décalé...

Certaines situations m'ont semblées étranges et peu vraissemblables, j'ai eu l'impression que l'imaginaire de Joël se mêlait parfois au réel. Et sans que je ne puisse expliquer pourquoi, cela m'a dérangée et parfois aussi un peu ennuyée.

Malgré cela, le texte se lit bien, l'écriture est fluide. Le jeune héros est un personnage attachant qui préfère la compagnie des adultes plutôt que celle de ses camarades de classe. C'est cette particularité qui le mène à vivre ses aventures seul à la recherche d'une bonne action à accomplir. Car ce roman, est en fait un récit initiatique : Joël va en ressortir grandi.

Je pense être passée à côté de ce roman, malheureusement. Malgré un petit héros prometteur, ce livre ne restera pas gravé dans ma mémoire... Dommage. Merci à l'opération "Masse critique" et aux Editions du Seuil pour cet envoi.

MA NOTE : 6/10

Les ombres grandissent au crépuscule

Henning Mankell

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L'amour sans le faire

Serge Joncour

Flammarion

2012

J'ai reçu ce roman grâce à Priceminister et ses matchs de la rentrée littéraire.

Merci à eux pour cet envoi ainsi qu'à Flammarion.

Résumé :

Après 10 ans d'absence, Franck décide un jour de téléphoner à ses parents. Mais c'est un jeune enfant prénommé Alexandre qui lui répond. Pourtant non, il ne s'est pas trompé, il s'agit bien du bon numéro. Mais alors qui est cet enfant qui porte le même prénom que son frère, mort des années auparavant ? Franck décide de revenir le temps de quelques jours dans la ferme familiale. Il souhaite y retrouver ses parents pour peut-être renouer avec eux et surtout rencontrer ce petit garçon et découvrir qui il est.

L'amour sans le faire, c'est l'histoire de Franck, un homme qui a perdu toute attache familiale. Mais c'est aussi, en parallèle, celle de Louise, une jeune femme douce et secrète. Ces personnages vont, le temps de quelques jours se retrouver. Car ils se connaissent, du moins de vue. Louise est la veuve d'Alexandre, le défunt frère de Franck. Elle a fui le village après le décès de son mari, laissant ses beaux-parents avec leur deuil et leur ferme. Franck, lui, les avait quitté depuis plusieurs années déjà, il était parti pour, comme on dit "faire sa vie". Il a certes assisté à l'enterrement mais il est reparti aussi vite...

J'ai beaucoup aimé les personnages de ce roman. Les deux protagonistes, mais aussi les personnages secondaires (notamment le petit Alexandre). Serge Joncour a façonné des êtres très attachants. Tous sont un peu perdus dans leurs sentiments ou leur vie, cela les rend humains et touchants. D'abord un peu farouches, les personnages ne cessent pourtant d'évoluer tout au long du roman. Ce sont surtout les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres qui évoluent, et ce pour nous livrer une jolie histoire intimiste. Les protagonistes vont se lier d'amitié (Franck et Alexandre) voire même d'un sentiment un peu plus fort (Franck et Louise)... Et de ce séjour va surgir une question existancielle : peut-on aimer la veuve de son frère ?

J'ai également apprécié l'atmosphère générale du roman. Une atmosphère qui, au fil des pages devient douce et chaleureuse.

L'auteur possède une plume à la mesure de ses personnages : une écriture simple, sans fioriture et pudique. L'amour sans le faire est un joli roman contemporain qui aborde les sentiments humains avec délicatesse.

MA NOTE : 16/20

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 Je vais bien, ne t'en fais pas

Olivier Adam

Pocket

2006

Résumé :

Claire n'a plus revu son frère Loïc depuis des années. Elle souffre beaucoup de cette absence qui lui pèse chaque jour un peu plus. Elle ne comprend pas ce départ malgré les explications de ses parents. Cet éloignement suite à une dispute familiale ? C'est vraiment trop bête. Et ce ne sont pas les rares cartes postales qu'elle reçoit de lui qui vont lui suffire. Son job en tant que caissière chez Shopi n'est pas transcendant, loin de là. Claire profite donc d'une période de vacances pour se rendre à Portbail, l'endroit d'où à été postée la dernière lettre qu'elle a reçu de son frère. Elle a cet espoir fou de le croiser au détour d'une rue...

Claire est une jeune fille simple et sans histoire. Mais elle est surtout une personne dont on n'aimerait pas avoir la vie. Une vie morose, triste, grise et sans réel moment de joie. Cependant, c'est un personnage que j'ai trouvé très attachant. Je ne me suis pas identifiée à elle car nous n'avons rien en commun mais j'ai ressenti une profonde empathie envers cette fille. Entre un boulot médiocre, des parents dépassés émotionnellement et une vie sociale ennuyeuse, Claire vivote plus qu'elle ne vit vraiment.

J'ai pris du plaisir dans ma lecture grâce à cette histoire sensible et toute en pudeur dans sa description des sentiments humains. Certains passages m'ont paru difficiles car Claire subit vraiment le monde et les personnes qui l'entoure. Et lorsque l'on s'attache à un personnage, on souffre presque avec lui.

Olivier Adam use d'une écriture simple et épurée. Les chapitres sont très courts et les phrases dépouillées. Ce livre ne se lit pas, il se dévore.

Je vais bien ne t'en fais pas a rencontré un franc succès surtout dans sa version cinématographique (roman porté à l'écran en 2006) et je comprends tout à fait cet engouement. Il me tarde de voir l'adaptation ciné de ce roman sans prétention mais que j'ai trouvé très efficace.

MA NOTE : 9/10

Résumé : 

Dorian Gray, jeune homme d'une beauté extraordinaire fait un jour le voeu de ne jamais devenir vieux. A la place, il souhaiterait voir vieillir ce portrait de lui même peint par Basil Hallward, un de ses bons amis. Ce tableau est sans conteste un vrai chef d'oeuvre tant Basil a su capter toute la magnificence de son sujet.

Un jour, Dorian se rend compte que son souhait est devenu réalité : le visage qui le représente sur la peinture se ride, vieillit et s'enlaidit alors que lui garde son éternelle jeunesse. Ce portrait est en fait le reflet de son âme qui, par ses actes vils se dénature de jour en jour.

Ce roman est un classique de la littérature anglaise et il me tardait de le lire. Et c'est assez surprise que je termine ma lecture tant ce roman est intense et puissant. Un roman qui nous reste en tête comme une vieille chanson dont on ne parvient pas à se défaire.

Jusqu'à la moitié du livre, on suit les vies de Basil, Dorian et Lord Henry, trois dandys très chics et bourgeois qui s'adonnent à leurs plaisirs quotidiens (réceptions, théâtre, repas, conversations, art). Ces hommes ne m'ont pas vraiment plu au premier abord (surtout Lord Henry qui est antipathique au possible), j'ai donc eu du mal à m'attacher à eux. Ensuite, au fil des pages, j'ai eu une affection particulière pour Basil, le peintre.

Le roman bascule ensuite dans le fantastique lorsque l'on s'aperçoit (en même temps que Dorian) de la spécificité du portrait. Il vieillit et se défigure au fur et à mesure du temps. Cet élément central du roman est bien amené et donne un second souffle à l'histoire qui parfois perd un peu son lecteur dans les pensées philosophiques de ses personnages principaux.

L'écriture d'Oscar Wilde est très sophistiquée, raffinée et même bourgeoise (à l'instar de ses personnages). C'est une écriture quelque peu empruntée et par moment un peu excessive à mon goût. Mais là encore, elle va de mise avec ses personnages... Ce qui m'a vraiment frappée, c'est l'intemporalité de cette histoire. Le portrait de Dorian Gray est une fable moderne qui traite de la beauté et de la jeunesse à tout prix et elle fait écho en chacun de nous encore aujourd'hui. Le sujet est extrêmement bien amené et traité. On se laisse vraiment porter par cette histoire jusqu'au dénouement tragique inévitable.

Pas un coup de coeur, pour moi, donc, mais une très belle découverte que je conseille à ceux qui n'ont pas (encore) lu ce grand classique.

MA NOTE : 8(+)/10

 Max

Sarah Cohen-Scali

Gallimard jeunesse

 Mai 2012

Résumé :

Avril 1936, à Berlin. Max est le premier bébé né dans le programme "Lebensborn". Un programme qui fait naître des enfants aryens soumis à une rude sélection physique. Les survivants sont de parfaits petits blonds aux yeux bleus destinés à régénérer la population de l'Allemagne puis de l'Europe. Max (ou Konrad) grandit dans cette institution antisémite, il est quotidiennement endoctriné et ne vit que pour Son führer.

Un jour, pourtant, sa route va croiser celle de Lukas, un jeune juif qui, grâce à ses cheveux et ses yeux clairs réussit à se faire passer pour un allemand. Max va se lier d'amitié avec Lukas alors qu'il connaît son secret.

L'histoire de Max est romancée mais certains personnages décrits dans ce livre sont réels et il est très bien documenté. Il rend compte de la réalité des "Lebensborn" qui fut ignorée pendant des années. C'est un roman choc car les idéologies véhiculées par Max, le narrateur, sont insupportables. Mais il permet d'approcher une période de l'Histoire sous un angle original, non pas du côté des peuples persécutés comme c'est souvent le cas dans ce genre de romans, mais du côté d'un peuple convaincu par les idéologies nazies.

Mais ne l'oublions pas, Max est, lui aussi une victime de ce régime. Il grandit sans parents, sans amour, sans liberté de penser ou de se déplacer. Le petit garçon est endoctriné dès sa naissance et n'a d'autre choix que de vénérer le führer, qu'il considère comme son père. A travers son histoire, nous suivons un enfant de sa naissance jusqu'à ses douze ans. Un enfant de prime abord détestable mais qui va, grâce à sa rencontre avec Lukas peu à peu apprendre à remettre en cause les idées qui lui ont été inculquées.

L'auteure possède une plume vive et acérée. On ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de ce roman tant il est prenant. A travers ce livre, Cohen-Scali réussit à étonner, fasciner, horripiler et émouvoir. Ce roman passionnant se finit heureusement avec une lueur d'espoir même s'il reste très dur. Certains passages sont d'ailleurs difficilement supportables tant ils sont le reflet de notre Histoire.

MA NOTE : 9/10